23/05/2014

"Notre appétit pour le contenu gratuit affame la créativité"

7 Juin 2013

Le musicien Jean-Michel Jarre veut sensibiliser l'opinion au respect du droit d'auteur[(c) Thomas Deron]

Jean-Michel Jarre, plus connu du grand public pour être l’un des pionniers de la musique électronique, a accepté de devenir le président de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (Cisac). Réunis depuis mercredi à Washington, les membres et collaborateurs de l’organisation ont cherché de nouvelles pistes pour garantir aux artistes une rémunération à la hauteur de leurs créations. Selon lui, les nouveaux modes de communication appellent une révolution.

Qu’est-ce que la Cisac ?
La Cisac est la Confédération internationale des sociétés d'auteur compositeurs. Elle représente toutes les sociétés d'Auteurs et de Créateurs (soit près de 260 sociétés) sur les cinq continents, dans tous les répertoires (musique, audiovisuel, poésie, arts graphiques et plastiques…).
C'est une organisation à même de fédérer tous les acteurs des arts du monde entier qui représentent des dizaines de millions d'individus afin qu'ils parlent d'une seule voix. Elle a été créée en 1926 et son siège se trouve en France, à Neuilly-sur-Seine.

Pourquoi avez-vous accepté sa présidence cette semaine à Washington ?
Si j'ai accepté ce rôle à la Cisac, c'est que je pense que les créateurs sont avant tout ceux qui peuvent le mieux contribuer à éclaircir le débat. Etant créateur, j’ai toujours été très sensible à la défense du droit d’auteur.
Il existe une problématique nouvelle entre le droit des créateurs et la propriété intellectuelle d'un côté et les nouveaux acteurs de la diffusion que sont les fournisseurs d'accès internet notamment. La question de la juste rétribution des artistes concerne tous les secteurs des Arts et de la création : la musique, les arts graphiques et numériques, le cinéma, la littérature, les jeux vidéos, le journalisme, etc.

Tous les pays sont-ils concernés ?
Il s’agit d’un enjeu mondial, qui concerne tous les pays des deux hémisphères. C’est pourquoi je me réjouis particulièrement de l’élection à mes côtés de quatre artistes prestigieux et de renommée internationale : la chanteuse et créatrice béninoise Angélique Kidjo, le metteur en scène et cinéaste argentin Marcelo Pineyro, le poète, scénariste et parolier indien Javed Akhtar et le sculpteur sénégalais Ousmane Sow.

Y a-t-il une spécificité française ?
Toutes les sociétés d’auteurs dans le monde doivent évoluer pour se mettre en phase avec les nouveaux enjeux économiques de la création, en particulier face  au monde du numérique. Nous avons la chance en France d’avoir Jean Noel Tronc, actuel directeur général de la Sacem, qui est totalement en phase avec ces nouveaux enjeux, nationaux et internationaux.
Nous partageons la même vision sur le rôle que les créateurs doivent jouer pour reprendre la parole, faire de la pédagogie, et expliquer notre activité très mal connue.

En quoi consistera votre rôle ?
Avec les quatre autres artistes Vice Présidents élus, nous serons les porte-voix et ambassadeurs des millions de créateurs que représente la CISAC dans le monde, pour sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics à la réalité du travail des artistes.
C’est le forum idéal pour s’engager dans la bataille des idées. Notre diversité et notre représentativité en termes culturels, géographiques et dans les Arts différents que nous représentons, nous permettra de défendre ensemble les droits des créateurs et de conduire notre action avec efficacité partout dans le monde.

Pourquoi pensez-vous que ce combat soit vital ?
Parce qu’aujourd’hui, notre appétit insatiable pour le contenu gratuit affame la créativité. La notion de propriété intellectuelle ne se réduit pas à une question de versements de droits d’auteur. Le respect de la création et de la valeur du travail des créateurs est un des piliers de notre société.
D’ailleurs, il ne faut jamais oublier que le droit d’auteur est un apport de la Révolution française et  un droit de l’homme, il figure à l’article 27 de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Un « smartphone » n’est finalement pas si « smart » sans le travail des créateurs : musiciens photographes peintres, écrivains, cinéastes, journalistes… qui enrichissent notre quotidien et rendent nos téléphones et tablettes plus intelligents.

Source: directmatin.fr/culture

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